Le contrôle coercitif
Un repère fondamental pour comprendre
et intervenir
Le contrôle coercitif est central pour comprendre les violences conjugales. Ce processus de domination invisible, fait de tactiques quotidiennes, guide les professionnel·le·s et outils du Pôle pour mieux évaluer la criticité et protéger les situation.
Le contrôle coercitif : décrypter l’emprise invisible
Le contrôle coercitif a été théorisé par le professeur américain Evan Stark en 2007.
Le concept peut être défini comme l’instauration progressive et insidieuse des stratégies permettant aux auteurs d’exercer un contrôle absolu sur la victime et les membres de la famille dont les enfants, en instaurant un cadre de vie contraignant et coercitif.
Ce processus de domination vise à restreindre progressivement la liberté de la personne victime, à affaiblir son autonomie et à maintenir une emprise constante. Ce contrôle ne s’exprime pas par des coups ou forcément des menaces explicites, mais par une série de tactiques quotidiennes et répétées : isolement social, humiliation, surveillance, intimidation, chantage affectif, dénigrement, contrôle économique, etc. C’est un schéma de comportement qui consiste notamment à micro-réguler le quotidien du foyer, en imposant des routines, des règles implicites et explicites. Le non respect de ces règles par la personne victime ou les enfants entraine une sanction.
La notion du contrôle coercitif occupe une place centrale dans la lecture des violences conjugales du Pôle de ressources. Elle constitue un repère essentiel pour appréhender la nature profonde des violences conjugales et guider les professionnel·le·s dans leurs pratiques d’évaluation, d’accompagnement et de protection.




Une approche intégrée dans nos outils et nos pratiques
Tous les outils utilisés par le Pôle, notamment le Processus de Domination Conjugale (PDC), s’inscrivent dans cette lecture. En identifiant les multiples dimensions du contrôle coercitif – psychologique, sociale, économique, symbolique – ces outils permettent de mettre en lumière la dynamique d’emprise, souvent invisible, et de mieux évaluer le niveau de danger des situations.
Ce regard permet également d’éviter des erreurs d’interprétation fréquentes (confusion, banalisation, neutralité mal placée), en outillant les professionnel·le·s pour reconnaître les signes faibles, analyser la structure de la relation et soutenir les stratégies de résistance de la victime.
Un outil de transformation des pratiques
Faire du contrôle coercitif un repère de base, c’est transformer nos manières de voir, de comprendre et d’agir. C’est sortir d’une logique d’épisode pour penser la violence comme un système de domination construit dans le temps. C’est aussi inviter les professionnel·le·s à se former, à coopérer et à adopter un langage commun, pour ne pas être complices involontaires de cette emprise.
En intégrant ce concept au cœur de ses outils, le Pôle de ressources propose un changement de paradigme : penser la violence conjugale comme un processus structuré, et non comme une série d’événements isolés. Cette lecture est au service d’une action plus juste, plus efficace et plus protectrice pour les personnes concernées.
Une lecture stratégique
au cœur du projet DIVICO
Dans les situations de haute dangerosité, marquées par une intensité élevée du contrôle coercitif, le projet DIVICO offre un cadre d’intervention interdisciplinaire centré sur la vigilance, la co-construction d’actions et le suivi actif des situations. Cette approche permet de croiser les expertises, de partager des éléments cliniques et factuels entre professionnel·le·s, et de mettre en œuvre des réponses coordonnées, respectueuses du rythme et des besoins de la victime.